"Amat idem Pugnat"

Mirko

Mirko
Cols en tas.
le Bourrel : considéré avec méfiance par tous, sa langue est aussi acérée que son coustel. Qu'un ribaud défie un seigneur et le voilà mit au pilori. Tourmenteur insatiable, son plaisir pour la question n'a pas de limite... Soyez exemplaire ou fuyez le, car il ne vous ratera pas.

Dans l'Antiquité, la justice est souvent personnelle, loi du Talion, ou publique par vindicte populaire. Hormis peut-être par les licteurs, bras armés des magistrats romains ou les carnifexs, esclaves chargés d'étranglés les condamnés, cette période n'a aucune nécessité d'employer quelqu'un pour rendre justice. Durant le Haut moyen-âge, la vendetta tient encore une grande place dans la justice privée, mais l'idéal chrétien préfère la privation des biens ou le bannissement des coupables, aux exécutions capitales. Ce n'est qu'au XIIIe siècle, avec les volontés de placer la justice sous une autorité centrale et de pacifier les populations, que seigneurs et baillis cherchent des hommes capables de mettre en œuvre leur justice. La tâche est ingrate; des criminels soucieux de racheter leurs fautes ou des marginaux viennent grossir les effectifs, augmentant le mépris pour cette profession. Pour la morale féodale, en donnant la mort à des êtres désarmés et entravés, il est l'exact opposé du chevalier chrétien. Parias de la société médiévale, les bourreaux sont tenus de vivre à l'écart des bourgs, de se signaler par le port de vêtements distincts, notamment rayés de couleurs vives ou encore par le port d'insignes distinctifs sur leurs habits. Leurs familles sont également exclues et leurs enfants rejetés de l'éducation traditionnelle. Malgré tout incontournable de cette féodalité qui souhaite centraliser son droit de justice, le bourrel jouit de certains privilèges. En plus de ses gages, en compensation de son isolement, il bénéficie du droit de havage qui lui permet de ponctionner les commerçants de tout ce que peut tenir sa main.
L'oralité et la symbolique médiévale conduisent à une ritualisation des exécutions chargée de marquer les esprits par une justice exemplaire. Les crimes capitaux voient des condamnations très violentes ou s'enchaînent mutilations, écartèlement, décapitations, noyades, bûchers. Dans les chroniques, la pendaison reste toutefois largement majoritaire. Le bourrel est également chargé des sévices corporels comme la flagellation, très répandue, le marquage au fer rouge ou la mise au pilori. Habile tourmenteur, le bourrel va naturellement trouver sa place dans la nouvelle procédure inquisitoire qui introduit la torture comme méthode d'interrogation. Il pratique alors la question au service de la Papauté.
Outre ces "hautes œuvres", le bourrel est parfois chargé des "basses œuvres", comme le nettoyage des rues ou la vidange des eaux usées, en complément de revenus. Rien d'étonnant que ces personnages baignant dans le sang et la fange portent la malédiction des superstitions populaires comme celle du pain retourné, véritable appel au démon...Cet ostracisme créa de véritables dynasties de bourreaux à la charge héréditaire. L’Église leur cédant même le droit aux mariages consanguins.
Seule légende à oublier : le port de la cagoule... Les bourrels devaient être connus de tous et assumer leur vile fonction !

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