"Amat idem Pugnat"

Philippe de Lautrec

Philippe de Lautrec
le Baron noir.
le Seigneur : la noblesse incarnée. Il dégage de lui une telle sérénité que nul ne saurait contesté son haut lignage. Sa maisnie lui témoigne un profond respect et sa parole est d'or. Cavalier émérite, il est tout aussi habile à pied, épée et rondache en main.
Des co-seigneurs d'Hautpoul, il est le seul à la posséder en alleu. Il a fieffé quelques chevaliers pour l'adjoindre dans sa seigneurie.
Il présente l'équitation, combat à pied et à cheval.

... ... ... ...

J'ai pour épouse Dame Caroline, excellente cavalière qui ne dédaigne pas frapper la quintaine de sa lance, au grand galop, telle un chevalier.

J'aime aussi, le soir tombé sur le campement, me retrouver entouré de mes compagnons, une coupe d'hypocras à la main, évoquant nos faits d'armes et heureux d'être tous réunis. Ils m'appellent parfois le Baron Noir, car il me sied souvent de me vestir de sombres atours pour impressionner mes adversaires lorsque je guerroie.

J'étais très jeune, lorsque mon père, proche des Chevaliers du Temple, tomba seul sous les coups de cinq sarrasins dans une embuscade.

Les années passèrent et je partis moi aussi en croisade dans tout le grand Sud de l'occident chrétien, chevauchant Canteiro, mon fidèle destrier. Un cheval de légende qui chemina, jouta et guerroya avec moi durant un quart de siècle...
A ses côtés, je compris que la vraie chevalerie est une quête spirituelle.

L'homme noble vit debout, mais relève aussi celui qui est à terre...

La noblesse de cœur n'appartient à aucune élite, elle sommeille en tout être.
... ... ... ...
Philippe de Lautrec
"de gueules à la croix d'or bourdonnée de 12 besants"


Le seigneur est la pièce centrale du monde féodal. La société médiévale est construite autour de lui. Au début du moyen âge, il est choisit pour ses qualités martiales. Il use de privilèges et est entretenu en échange de la protection qu'il offre aux habitants. Progressivement, il va acquérir la continuité de ses privilèges par son sang. Son héritier sera seigneur de plein droit, quels que soit ses talents militaires. C'est avant tout un combattant qui s'entraîne à guerroyer depuis l'enfance. Adoubé à l'âge adulte, il devient un homme capable de donner et recevoir la mort. Parfois, c'est également un grand chasseur ou un poète, comme Gaston Phébus, Comte de Foix.

Pas de seigneur sans seigneurie... Une évidence plus complexe qu'il n'y parait car la notion de seigneurie couvre aussi bien la possession de terres que de droits ou de redevances. Ainsi quiconque possède l'un ou l'autre peut prétendre au titre.
Peut être seigneur ou sire (équivalent), un individu (souvent issu de la noblesse), mais aussi une personne morale, comme le commandant d'un ordre militaire ou encore une institution comme une abbaye. S'il s'agit d'un souverain, ses seigneuries constituent son royaume. Le pouvoir du seigneur est souvent exercé au travers de baillis ou de sénéchaux. Les titulaires de fiefs qui ne relèvent pas de seigneuries sont appelés "sieurs" et "seigneurs censiers, ceux qui relèves de censives.

La seigneurie foncière découle probablement des villae de l’Antiquité. Au moyen âge elle se répartie entre les terres possédées en alleu, en bien propre et les fiefs, soumis à redevance. Il ne peut y avoir de propriété absolue puisque par le biais de la féodalité, plusieurs personnes (suzerain, vassal, vavasseur) possède des droits sur chaque domaine. Chaque seigneurie foncière est elle même divisée librement en "réserve", terres dont le seigneur se réserve l'exploitation exclusive des biens et qu'il fait cultiver par des serviteurs et en "tenures" dont l'exploitation est confiée à un paysan (ou censier, tenancier)  contre champart (part sur les récoltes), cens (loyer), taxes sur le bétail (porçage) ou corvées. Les actes de propriété et les droits qui en découlent sont méticuleusement notés dans un livre terrier qui fait référence en cas de litige.
Les seigneuries foncières sont aussi bien rurales qu'urbaines, souvent aux mains des ecclésiastiques. Leur taille et leur richesse sont très variables, allant d'un hameau regroupant quelques cahutes à des régions entières. La présence d'un castrum n'est pas obligatoire et la présence, comme le nombre d'éléments défensifs sur une seigneurie foncière dépend surtout de la stabilité de la région environnante. Certains éléments demeurent symbolique de la réserve seigneuriale, comme le pigeonnier, la girouette, le four ou le moulin.

La seigneurie banale, quand à elle, regroupe les prérogatives sur les hommes qui en dépendent. Ce droit de ban est souvent un pouvoir de contrainte, qui assure au seigneur des revenus bien supérieurs à ceux de la seigneurie foncière. Le ban se manifeste par des services, l'ost (participation aux manœuvres militaires), le servage (lié à une tenure) et des redevances qui varient en fonction des régions et de l'époque, taxes sur l'utilisation du pressoir, moulin, four, péages, le banvin (période de monopole de la vente de vin), le charriage (taxe sur le transport des céréales) ou la détestée taille sensée garantir la sécurité des paysans . Mais le ban le plus important reste la justice seigneuriale qui permet au seigneur de rendre basse et haute justice et d'ainsi affirmer son autorité sur ses terres.
Précisons que c'est bien l'ensemble des droits fonciers et banaux qui définissent une seigneurie...

L'existence des seigneuries a été liée à l'importance d'un pouvoir central fort. A la fin de l'époque carolingienne (IXe), dans le sud-est du royaume, du fait des dissensions de successions royales, le pouvoir central perd en influence et l'aristocratie rurale en profite pour assoir sa propre prééminence sociale, économique et politique sur ses terres, en toute indépendance. En Occitanie, les grandes domaines s'accroissent au détriment des alleux paysans. Les seigneurs sont alors tout puissants et les alliances entre eux se font et se défont au gré des intérêts.
Cependant, dès le XIIe siècle, les seigneuries connaissent un revers. Tout d'abord par la persistance de l’alleu paysan clandestin, un paysan qui essarte un terrain et le cultive en devient propriétaire en alleu (loi salique). La division des tenures entres héritiers diminuent également les redevances perçues dessus et les seigneurs peinent à compenser les pertes par de nouvelles taxes banales. Dans les cités, où les seigneuries s'entremêlent avec complexité, les habitants jouent des différentes juridictions seigneuriales. Quand ce n'est pas les mouvements communaux naissant qui suppriment tout bonnement les droits banaux par rachat ou cession du seigneur. Seule la fonction judiciaire de la seigneurie semble encore résister.
Mais là encore, les seigneurs vont perdre du terrain, la menace venant par contre du pouvoir royal. Dès le XIIIe siècle, dans les seigneuries, pour les affaires de hautes justices impliquant de lourdes peines, les plaignant se tournent régulièrement vers la juridiction royale. Les premiers Capétiens qui œuvrent pour l'unité d'un royaume fort profitent de ce désaveu de la justice locale pour limiter les prérogatives seigneuriales à la seule basse justice. Désormais, en milieu rural, les affaires portées devant la justice seigneuriale se cantonnent parfois à de simple querelles de voisinage, bornage des champs ou l'utilisation des chemins.
Privés de la plupart de leurs privilèges, les seigneurs locaux n'ont d'autres choix que de se soumettre au Roi et espérer entrer dans ses bonnes grâces.

Pour compliquer le tout, les modes d'accession à la seigneurie sont variés. Elle peut être, comme on l'a vu en alleu par don ou héritage, tenue en fief, soit concédé en échange de services ou redevances, ou encore achetée par parts. Car, seigneurie foncière comme seigneurie banale peuvent se diviser, par héritage ou cession. Cette division peut même parfois ne porter que sur l'un des droits ressortissant de la seigneurie banale, complexifiant à l'extrême le schéma de détention d'une seigneurie. Une même seigneurie peut ainsi regrouper plusieurs seigneurs fonciers en alleu (même ennemis) au prorata de leur possession, ainsi que différents seigneurs banaux touchant chacun des redevances sur leurs droits liés.
Ceci apporte un éclairage bien différent du schéma classique d'homme à homme dans la féodalité médiévale, puisque le pouvoir ne s'exerce plus seulement verticalement, mais de façon partagée entre ayants droits.
C'est bien entendu le cas des co-seigneuries qui émaillent toute l'Occitanie et dont les seigneurs d'Hautpoul se revendiquent !