"Amat idem Pugnat"

Vipérine

Amandine
La Vipère
la Conteuse : à la veillée autour du feu ou dans une clairière ombragée à deux pas du camp, ses histoires envoutent ou terrifient au gré de son humeur... Ne la contrariez pas ou il vous en coûtera...

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Je suis venue au monde sur les pentes de la montagne Sainte Victoire en Provence, dans un petit mas niché au cœur d'un maquis de romarins et d'amandiers. Les fleurs en clochettes mauves qui bordaient le mur sud du cortil de la maison ont donné mon nom. Mes parents, gens libres, m'ont fait une enfance joyeuse et insouciante, loin des tracas des adultes. De mon père, sergent verdier d'un seigneur local, je tiens le goût de la nature sauvage et de ma mère, clerc de notaire, j'ai l'amour des livres.
Dans mon enfance, rien ne me plaisait plus que courir la montagne pour entendre le vent me chanter aux oreilles sa musique et retrouver les anciens du village qui me contaient mille histoires où monstres et preux chevaliers bataillaient pour ravir l'âme de belles damoiselles. Puis j'ai grandi, pas beaucoup, mais suffisamment pour conter à mon tour les merveilles de Provence aux enfants de la vallée et terrifier mes frères avec de sombres histoires aux accents de Dracs et de Tarasque...
On me dit facétieuse, car j'ai la répartie facile et incisive. Cela m'a d'ailleurs valu mon surnom de "Vipère", mes assertions n'étant pas toujours appréciées à leur juste valeur par mes compagnons de voyage.
J'ai suivi mes parents au cœur de l'Occitanie quand ils ont été contraints de tout quitter. J'y ai rencontré de nouvelles amitiés, mais surtout la riche tradition des trobadors occitans. Depuis j'apprends encore et encore pour le plaisir de faire rêver les enfants que je croise.
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Dans une société médiévale où l’alphabétisation reste limitée, la tradition orale prend évidemment tout son sens. En Occident, les conteurs s'inscrivent dans une longue lignée de narrateurs. Du rhapsode grec, au barde celte en passant par le troubadour médiéval, le conte a éduqué, a propagé la foi ou la révolte, a fait rêver ou trembler des générations jusqu'à ce que l'alphabétisation et les écrits finissent par avoir raison du conteur, gardien de la mémoire collective.
Ce n'est que très récemment que l'art du conte a repris ses lettres de noblesse. Retour sur nos valeurs, nos racines, notre imaginaire, pour ne pas oublier qui nous sommes...